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CD2 :



01 - A Return, Indeed… (Vocal Version)



C'est une chanson qui servira d'introduction à la deuxième partie de cette OST. Comme le suggère le titre, il s'agit d'une reprise du morceau au piano présent sur le premier disque. Cela dit, cette chanson s'éloigne donc de la piste originale et opte pour quelque chose de plus "pop". Pour ce faire, plusieurs instruments seront de la partie : une guitare sèche, un piano, des violons et une batterie, c'est d'ailleurs cette dernière qui se charge de lancer la piste. L'arrangement est d'ailleurs plutôt réussi : le jeu de la batterie est assez intéressant et les violons offrent à la piste une élégance certaine. Les deux chanteuses du groupe FLIP FLAP (hum...), quant à elles, nous livreront une prestation assez correcte tout au long du morceau quoi qu'un peu « japoniais ». Malgré tout, le résultat, qui tient au charme tout particulier de son arrangement et à l’efficacité de sa mélodie, reste sympathique. Préférez-lui la version piano cela dit, tel est mon conseil du jour.



02 - The Mysterious Machine of the Demons



Guitare électrique, percussions sourdes et synthés introduisent cette piste à l’ambiance résolument sombre et métallique. Celle-ci se dote d’un aspect plus funeste lorsque des cloches feront leur entrée à la vingt-sixième seconde. La véritable mélodie du morceau interviendra quant à elle au bout de 1:12 et ce n’est autre que le thème de Gongora dont il s’agit. La mélodie sera accompagnée d’un beat électronique à la fois lent et féroce. Le thème paraît toujours aussi facile, heureusement que l’ambiance est plutôt réussie et qu’elle colle plutôt bien avec les séquences d’exploration qu’elle accompagne au cours du jeu. Un morceau finalement bon mais qui agace de par son statut de simple reprise, qui plus est, d’un thème banal. Dommage qu’Uematsu ait choisi la voie de la facilité, le potentiel du morceau présentait un réel intérêt...



03 – Escape !



Le titre est évocateur et Nobuo ne perd pas de temps puisque celui-ci nous plonge dès les premières secondes dans une ambiance survoltée. Pour ce faire, le moustachu a jugé bon d’utiliser un clavecin et le résultat est plutôt brillant ! À la quatorzième seconde, la batterie présente dès le début du morceau s’élance véritablement et vient alimenter la nervosité du morceau, secondée quelques instants plus tard par une guitare électrique très criarde. À 0:34, tous les instruments s’interrompent pour laisser le clavecin se livrer à une démonstration effrénée et franchement jouissive ! La batterie revient à la rescousse peu après en nous livrant une rythmique des plus entraînantes, jouée à contretemps. Les accords du clavecin deviennent alors plus graves et plus sinistres mais sans en altérer sa nervosité. À 0:56, le sombre décor se dissipe pour offrir à l’auditeur quelque chose de plus optimiste. Des cuivres légers viennent alors claironner le Main Theme de Lost Odyssey, accompagnés d’une basse et d’un jeu de batterie plus calme. Une flûte de pan presque joviale vient seconder les cuivres en interprétant à son tour la mélodie du thème principal. Le morceau se détache complètement de son côté oppressant pour se transformer en lueur d’espoir, porté par une vague d’héroïsme. De doux violons accentueront l’aspect rassurant de la piste et ce jusqu’à la fin de la boucle. Au final, le morceau se révèle être vraiment plaisant et surtout assez intéressant dans le choix des instruments utilisés et de la cohabitation de deux ambiances bien distinctes.



04 – Saman, Town of Merchants



On change radicalement d’ambiance avec cette piste évasive et relaxante qui n’est pas sans rappeler certaines musiques ensoleillées de Final Fantasy X. Un piano électrique calme et de douces percussions ouvrent le bal, suivis une trentaine de secondes plus tard d’une guitare sèche et d’autres percussions toutes aussi délicates. Pour être honnête, la mélodie n’est pas franchement géniale mais l’ambiance zen qui se dégage de la piste est terriblement efficace. À 1:15, le sentiment de quiétude présent dès les premiers accords s’intensifie légèrement puisque de douces nappes de synthétiseurs viennent nous transporter un peu plus loin, aidé d’un glockenspiel ravissant. La béatitude de la composition devient alors un vrai régal, à tel point qu’on regrettera que le plaisir provoqué par le morceau, déjà long de 1:57, ne dure pas plus longtemps... J’ai soudainement envie d’être en juillet, un cocktail de fruit à la main, les pieds en éventail dans un transat, pas vous ?



05 – The Capital of Gohtza



Après la ville portuaire et ensoleillée de Saman, direction la gigantesque et cyberpunk capitale de Gohtza. Son atmosphère empruntant à Midgar et Blade Runner, j’avais pris un immense plaisir à me balader avec Kaim d’un bout à l’autre de la ville... Mais pas grâce à la musique malheureusement. Uematsu a choisi d’opter pour la facilité et la tendance amorcée par des morceaux comme World of Ice ou Numara Palace et une fois encore, le monsieur prouve qu’il est bien meilleur mélodiste que créateur d’ambiance. Quoi que cette fois, le résultat s’avère tout de même un cran au-dessus que pour les deux pistes susnommées. Les synthétiseurs retranscrivent assez fidèlement l’atmosphère froide et futuriste de la capitale de Gohtza et l’arrangement est plutôt convaincant, dommage cependant que la composition soit aussi faiblarde. Il est vraiment regrettable qu’Uematsu ne se soit pas foulé, vu l’ambiance de la ville, le moustachu avait vraiment de quoi pondre une piste excellente...



06 – Demons Invasion



Enfin du Uematsu comme on l’aime ! Le compositeur se décide enfin à nous sortir de sa botte magique une bien belle mélodie et une composition tout en retenue. Un piano très calme et des pizzicatos effacés ouvrent le bal et nous plongent rapidement dans une atmosphère intimiste et délicieuse. La mélodie très calme s’avère être vraiment ravissante et prête facilement à la songerie. À la quarante-troisième seconde, un hautbois et des violons se mêleront à la danse pour nous emporter dans quelque chose de plus profond, comme si Uematsu voulait nous plonger dans une sorte d’introspection. C’est en tout cas ce que feront généralement les protagonistes de Lost Odyssey lorsque cette musique se fera entendre au cours du jeu et nul besoin de dire que le résultat fera mouche tant cette composition s’avère réussie et envoûtante. Ce début de disque en avait d’ailleurs bien besoin !



07 – The Man Possessed by the Demons



Le titre inspire méfiance, mais peut-être pour la même raison que ce qu’on pourrait croire... Vaut-il mieux se méfier de « l’homme possédé par les Démons » ou de la musique en elle-même ? Une fois le début assez moche et pas franchement intéressant passé (il faudra tout de même compter une bonne minute pour en voir le bout), la réponse redoutée se présente enfin à nous, il s’agit bien d’une nouvelle reprise du thème de Gongora... Bon, essayons de passer outre cette déception pour voir ce que nous propose cette nouvelle version du thème de Gongora. La piste se lance donc véritablement à 1:04 avec un piano sombre, rapidement suivi par un clavecin et des pizzicatos. Le mélange de ces trois instruments, mêlés à des bruitages synthétiques et de sourdes timbales est, avouons-le, plutôt réussi et illustre assez bien la démence du protagoniste dont il est question. Avec un début réussi et un thème moins suffisant et plus subtil, la piste aurait sûrement pu être très bonne là où elle se contente d’être tout juste correcte.



08 – Decision



Si la douceur des premiers accords laisse présager une musique calme presque fragile, l’amertume qui s’en dégage ne trompe pas, nous sommes face à un morceau à la fatalité évidente. Decision est introduite par de faibles notes espacées. Dès lors, le doute précédant une décision semble se dessiner sous nos yeux, presque impalpable au premier abord mais pourtant bien présent, il ne cesse de s’accroître jusqu’à la cinquante-troisième seconde où le doute essaye de se muer en quelque chose de plus assuré, comme si la personne en proie au questionnement tentait de se persuader du bon sens de son choix. Mais rien à faire puisqu’à 1:20, l’hésitation des premières secondes reprend le dessus car toute décision difficile ne s’assume pas sans durs efforts. C’est ce que nous rappelle le piano à 1:27 qui devient alors plus violent qu’auparavant en évoquant avec brutalité la froideur et la difficulté d’une lourde décision. La cohérence entre le titre et la musique devient alors évidente tant la cohésion entre eux est parfaite. La force avec laquelle le pianiste appuie sur les touches de l’instrument semble vouloir marteler en nous non plus les conséquences d’une décision mais sa sentence. Et même dans un tel moment, l’hésitation ne quitte pas l’auditeur, au contraire, celle-ci se mêle à la fatalité avec brio jusqu’aux dernières notes... S’il sera difficile pour certains de revenir sur un morceau aussi austère, c’est bien parce qu’Uematsu nous a gratifié d’une composition subtile et maîtrisée dans laquelle on ne se sent jamais à l’aise. Et c’est bien là un superbe gage de réussite, comme toujours quand le moustachu s’investi vraiment dans un morceau.



09 – Blizzard Field



Après un court bruitage, un glockenspiel désenchanté ouvre le morceau en interprétant une mélodie assez plate. Absolument seul durant les trente-quatre premières secondes, l’instrument est rejoint par une faible guitare électrique puis des pizzicatos assez sympathiques. L’ambiance brumeuse s’installe alors tranquillement jusqu’à 1:09 où celle-ci se transforme en sorte de tempête de glace impitoyable. De sinistres violons et la guitare électrique, bien plus intense qu’au départ, s’entremêlent pour créer une ambiance bien plus violente évoquant assez bien un contexte neigeux et froid. Cependant, en dépit d’une ambiance plutôt soignée et d’une prestation ingame convenable, la platitude de la mélodie ainsi que sa trop grande simplicité ne rendent Blizzard Field guère intéressante et il est décevant de constater qu’une fois de plus sur cette OST, Uematsu s’est contenté du strict minimum...



10 – What You Are (Guitar Version)



Changement radical d’ambiance puisqu’après plusieurs pistes froides (et plusieurs déceptions), le compositeur nous offre avec cette reprise de What You Are un véritable rafraîchissement ! Comme indiqué dans le titre, seules deux guitares ont été conviées sur cette piste et ces dernières nous feront profiter d’un très bon moment en leur compagnie. Après une courte introduction de dix-sept secondes, la mélodie principale débute et séduit dès les premières notes. À la fois reposant et très joli, le morceau poursuit paisiblement sa route jusqu’au moment où sa mélodie évoluera quelque peu à 1:28 pour finalement amener le refrain une vingtaine de secondes plus tard. Toujours aussi léger, la mélodie ensoleillée se verra insufflé d’une fine pointe d’émotion qui saura ravir sans peine les oreilles de l’auditeur. Et tout aussi délicatement qu’il a débuté, le morceau se clôturera quelques mesures plus tard avec grâce et douceur. Un véritable ravissement que cette composition chaleureuse et évasive ! On se réjouira également du choix judicieux de la guitare et de l’arrangement superbe. En bref, un pur bonheur.



11 – Battle with the Demons



J’espère que vous avez profité du moment de répit qu’incarnait la piste précédente parce que celle qui arrive est d’un tout autre acabit... Il s’agit ni plus ni moins du thème des boss ! Sombres et entraînantes, les premières notes du piano laissent à peine à l’auditeur le temps de respirer que celui-ci se retrouve instantanément plongé au cœur d’une composition froide et implacable. Dès la sixième seconde, des tambours prennent part à la frénésie grandissante du morceau, rejoints une poignée de secondes plus tard par des cuivres et une grosse caisse assommante. Les cuivres représentent à merveille la menace qu’incarneront les boss du jeu, tandis que le piano, toujours très rapide, semble représenter les joueurs, qui malgré la menace présente, tentant de se défaire des griffes de son adversaire peu loquace. Après une courte transition, le morceau reprendra de plus belle, le piano ayant cédé sa place aux violons. À la cinquante-huitième seconde, de fines percussions et un synthétiseur (rappelant fortement celui de Run! de Final Fantasy IX) prendront le relais, secondé par des timbales et cymbales. La mélodie très Uematsuienne, toujours jouée par le synthétiseur prendra de l’ampleur en montant de quelques tons. À ce même moment, les tambours, les violons ainsi que les cuivres reviennent à la charge, plus énergiques que jamais, offrant alors à la piste un épais sentiment de danger mais aussi de puissance. Cette brillante alchimie se meut peu à peu en quelque chose de plus défaitiste, comme si l’adversaire de nos héros prenait le dessus sur ces derniers. Déterminés malgré tout, Kaim et ses compagnons ne comptent pas en rester là puisque malgré l’inévitable sentiment de défaite qui envahit chaque guerrier au combat, les personnages de Lost Odyssey semblent rassembler leurs forces lors d’une dernière tentative désespérée. À 1:46, une guitare électrique prend part à cet effort décisif et se mêle à l’assaut final qui se conclura à 2:10 par une envolée triomphale absolument géniale, mettant un point final parfait à cette composition brillamment conduite. Le naturel avec lequel les différents instruments (guitare électrique, synthétiseur, orchestre) s’entremêlent est tout simplement bluffant. L’évolution du morceau est également très intéressante et restitue avec excellence à l’auditeur (et au joueur, évidemment) les différents sentiments que l’on éprouver sur un champ de bataille. Du très grand Nobuo, tout simplement !



12 – The Wanderer of Darkness



Après un moment aussi éprouvant, Nobuo nous devait bien un peu de repos. Et c’est exactement ce qu’il nous livre avec cette excellente composition ! Une douce harpe, des violons en tremolo, des pizzicatos discrets ainsi qu’un glockenspiel délicat introduisent cette piste et déjà, la magie semble opérer... En effet, une ambiance enchanteresse s’empare de nous dès les premiers instants et celle-ci ne quittera pas une seule seconde la piste. À la trentième seconde, les pizzicatos très discrets du début viendront murmurer un peu plus fort tandis que des marimbas et plusieurs instruments à vent se joignent à cet ensemble onirique. À la cinquante-huitième seconde, ce sont d’ailleurs ces mêmes instruments à vent qui interpréteront la mélodie principale, entrecoupés par un superbe chimes. Divine et envoutante, cette mélodie deviendra plus sombre à 1:30 lorsque des cuivres l’interpréteront à leur tour. À 2:03, la piste prend une tournure plus mélancolique mais paradoxalement, plus enjouée. La mélodie évolue et est alors interprétée par une flûte traversière paisible avant d’être finalement jouée par des violons qui lui offriront alors une émotion et une ardeur plus grande qu’auparavant. Mais rapidement, comme si les cordes se sentaient fautives de troubler la tranquillité de la partition, celles-ci se tapissent alors dans l’obscurité pour laisser l’auditeur en tête à tête avec la harpe qui a si bien débuté cette piste, clôturant tout aussi sereinement la boucle. Magique, poétique, superbe, raffinée, maîtrisée, les adjectifs ne manquent pour définir cette musique si brillamment composée. En plus de rappeler les anciens travaux d’Uematsu (qui a dit Into The Darkness de Final Fantasy IV et The Mystic Forest de Final Fantasy VI ?), The Wanderer of Darkness se targue d’une ambiance féerique absolument prodigieuse et magnifique. Vagabonder dans les ténèbres a rarement été aussi agréable...



13 - Ruins of the East



Dans la veine du précédent morceau, Ruins of the East est, elle aussi, une très belle pièce à l’ambiance fabuleuse, interprétée par un orchestre. À la différence de The Wanderer of Darkness, cette piste se pare d’un aspect plus désenchanté et plus mystique, tout en restant très léger. De tristes violons ouvrent le bal puis sont rejoints à la trente-sixième seconde par un instrument à vent rassurant, comme si celui-ci voulait atténuer la mélancolie du violon. Il faudra attendre la quarante-huitième seconde pour voir le morceau prendre une nouvelle voie, plus enjouée au premier abord mais finalement, plus solennelle. Des cloches et violons tremblants offriront alors à la piste une ambiance mystérieuse, plus onirique et plus contemplative. Il s’agit probablement du passage le plus savoureux du morceau. Cette accalmie se verra troublée durant quelques instants par un piccolo guilleret du plus bel effet qui entraînera dans sa joyeuseté les violons qui gagneront en intensité avant d’endosser à nouveau un rôle plus serein. Le morceau se termine une poignée de secondes plus tard, la légèreté du piccolo toujours en conflit avec le sérieux des violons. Le résultat est d’une beauté fascinante et évasive, l’ambiance raffinée et délicate est tout simplement superbe, l’arrangement est aux petits oignons et la mélodie est merveilleusement écrite. Précisons que cette musique accompagne l’un des plus beaux lieux du jeu dont l’ambiance évoque très largement celle de Shadow of the Colossus. Avouez qu’il y a pire comme comparaison...



14 - Dark Saint



Après le calme des précédentes pistes, voici venir la tempête et autant vous prévenir, ça va secouer ! Un piano très vif introduit le morceau, des violons tout aussi entraînants s’en suivent quatre secondes après. Mais c’est à la trente-deuxième seconde, après un passage très rythmé et accompagné de percussions, que le morceau démarre réellement et nous projette dans un tourbillon dont la puissance ne cessera de s’accroître au fil des secondes. Une puissante batterie et des violons déchaînés prennent le relais, entrecoupés par les « hurlements » d’une guitare électrique. À chaque fois, les violons reviennent avec plus de puissance, plus d’héroïsme et plus d’ardeur. À 1:20, la mélodie, déjà géniale, se dote de nouveaux ornements la rendant plus jouissive et plus imposante qu’auparavant, pour notre plus grand plaisir. Une sorte de pont laissant le champ libre à la guitare électrique intervient, amené par le piano du début, toujours aussi énergique lui aussi. Et si vous pensiez que le morceau avait atteint les sommets de sa folie, l’orage qui se profile à l’horizon vous fera très rapidement dire le contraire ! En effet, à 1:56, des chœurs masculins menaçants viennent se poser sur la batterie qui est bien loin d’avoir dit son dernier mot. La grosse caisse martèle avec puissance et assurance avant d’entamer une ultime prestation complètement frénétique et endiablée. La noirceur des chœurs, accrue par la puissance des violons prend alors davantage d’ampleur et se marie avec merveille à la rage incontrôlable de l’infatigable batterie. Violent, hargneux, fou, imposant, furieux et surtout complètement jubilatoire, ce passage est probablement l’un des plus grands moments de toute cette bande originale. Et comme si cela ne suffisait pas, Nobuo conclue avec une prestation au piano tout simplement ébouriffante ! Que vous dire plus si ce n’est que ce morceau atteint avec une insolente facilité les confins du génie Uematsuien. Le combo orchestre/rock fait une fois de plus des ravages sous la houlette du moustachu et à bientôt 50 ans, le compositeur nous fait comprendre qu’il ne vaut mieux pas le mettre en rogne car si tel est le cas, il se révèle sans pitié. Aucune. Et mon Dieu, qu’est-ce que c’est bon !



15 – Large Navigation



Nobuo ne baisse pas de régime puisqu’après l’excellente Dark Saint, le monsieur nous offre ici une composition toute aussi réussie ! Introduite par des tambours militaires, des timbales et des violons saccadés, la piste se veut entraînante et héroïque dès son démarrage. Des cuivres rejoignent rapidement l’ensemble qui s’embrasera à l’entrée de la mélodie. Simple mais belle et très entraînante, la mélodie sera accompagnée tout au long du morceau d'un arrangement qui ne cessera de gagner en puissance. Les violons et les cuivres s’intensifieront et nous offriront à plusieurs reprises des moments absolument superbes, notamment à 1:20. Le morceau se calmera une poignée de seconde plus tard, laissant alors les cuivres s’exprimer plus largement. Ceux-ci claironneront alors avec force le thème du morceau à 2:16, toujours secondés par les timbales enthousiastes du début. La boucle se conclue sans que l’on s’en rende compte puisque déjà, les premières mesures refont leur apparition. Une nouvelle fois, le résultat et le plaisir de retrouver un Uematsu en forme sont au rendez-vous, quel dommage qu’une piste aussi brillante soit complètement sous-exploitée dans le jeu...



16 - Interval of Dimensions



Entre plusieurs pistes guère reposantes, Uematsu a jugé bon de nous offrir un peu de répit. Et vu ce qui nous attend par la suite, ce ne sera pas de refus ! Place cette fois-ci à un morceau calme et surtout, gorgé de mystère et de mélancolie. Une harpe discrète vient nous murmurer à l’oreille quelques accords très jolis mais cependant teintés d’une lourde incertitude. Des cloches prendront part au côté intrigant de la piste tout en lui offrant un épais sentiment de tristesse et de nostalgie. La piste accompagnera les errements mentaux de Kaim lorsque celui-ci peinera à se rappeler sa vie passée et les douloureux souvenirs enfouis en sa mémoire millénaire. Tout au long du morceau, Uematsu laisse croire que ces souvenirs vont finir par se révéler au grand jour mais il n’en est rien. Au contraire, il laissera le morceau baigner dans le mystère le plus absolu, laissant Kaim en proie au doute et à la souffrance de ne pas se souvenir. Bien que simple, Uematsu a su frapper avec beauté et subtilité tout au long de cette piste incontestablement réussie, bien qu’un poil trop courte. On aurait vraiment aimé voir cette OST arborer plus de compositions de ce genre, surtout connaissant le thème du jeu et le talent d’Uematsu pour ce type de morceaux.



17 - Distorted Space



Après le quasi sans-faute des sept pistes précédentes, il fallait bien que ce bonheur s’estompe le temps d’un morceau. Vous pensez à ce que je pense ? Oui ? Ah mais si, c’est bien ça. Et ne faites pas cette tête, ce n’est pas vous qui vous la passez en boucle pour en faire la critique ! Vous l’avez bien sûr devinez, le thème de Gongora fait son grand retour pour votre plus grand pl... Heu... Bref, la piste est introduite par d’étranges accords joués par un synthétiseur qui offrent dès les premières secondes une ambiance assez déstabilisante. À la cinquante-deuxième seconde, une batterie et une guitare électrique arrivent en force et laissent pressentir l’arrivée d’un passage assez puissant. Le morceau devient alors un peu plus saccadé jusqu’à 1:17 où la batterie entame réellement sa prestation et que la guitare électrique interprète le thème de Gongora. L’ambiance devient alors diablement malsaine, les accords du synthétiseur deviennent plus effrayants, presque répugnants. Bien que nous ne connaissions que trop bien le thème de ce passage, il s’agit peut-être celui qui illustre le mieux la folie de Gongora tant ce dernier est arrangé de manière entraînante et à la fois inquiétante, son ambiance barje jouant grandement en sa faveur. Cette piste arrive presque à se détacher de son statut de simple reprise, chose qui n’était pas vraiment gagné vu le nombre de fois qu’Uematsu nous l’a (re)servi. Si son début, bien qu’assez original, avait été un peu plus intéressant et que le morceau avait été un poil plus long et plus surprenant sur la fin, il aurait pu se révéler être une bonne surprise. Je tenais tout de même à préciser que l’une de ses interventions dans le jeu s’avère être vraiment efficace. Quand, ça je vous en laisse la surprise !



18 – Roar of the Departed Souls



La fin de ce deuxième disque approchant à grands pas, on ne pouvait éviter l'inévitable plus longtemps... Le thème du combat final du jeu ! Uematsu a presque toujours créer l'évènement avec ce genre de morceau et après l'excellent The Seal is Broken de Blue Dragon, le moustachu était attendu au tournant ! Le morceau est-il aussi fou ? Oui, si ce n'est plus. Est-ce toujours aussi réussi ? Mon avis est cette fois plus partagé... Une fois n'est pas coutume, le moustachu a fait les choses en grand et a fait se mélanger Rock et orchestre pour l'ultime affrontement de Kaim et ses compagnons. Des chœurs funestes ainsi qu'un orgue lancent les hostilités. Froid et sévère, ce mélange ne laisse pas entrevoir beaucoup d'espoir pour le joueur, plongé dès les premiers instants du morceau dans une ambiance des plus menaçantes. L'entrée de la guitare électrique à la vingt-septième seconde ne risque pas d'arranger les choses puisque plus qu'une réelle mélodie, celle-ci émet d'étranges sons très grinçants pouvant largement s'apparenter à une lamentation. Les hurlements de la guitare électrique s'intensifieront jusqu'au réel démarrage du morceau, à la cinquante-huitième seconde, où Nobuo laissera alors éclater tout sa folie. Une mélodie à l'orgue fait alors son entrée, soutenue par de violents coups de guitare électrique, de grosses caisses et de cymbales. Si ce démarrage fulgurant ne vous a d'ores et déjà pas calmé, les prochaines secondes devraient s'en charger sans peine. La mélodie complètement déchaînée et la frénésie de la guitare et de la batterie explosent avec une puissance phénoménale. La rapidité de la mélodie, couplée aux cymbales à contretemps, n'est d'ailleurs pas sans rappeler Still More Fighting, l'excellent thème de boss de Final Fantasy VII. Dès lors, l'ardeur du moustachu semble ne plus être sous contrôle, en témoigne le retour imposant des chœurs qui entonnent un chant à la fois sombre et entraînant, à partir de 1:30. Le batteur, de son côté, ne s'endort pas et nous offre une prestation impressionnante et particulièrement énergique. À 1:56, le « refrain », interprété par les chœurs, se fait entendre. Contrairement au début du morceau, il se dégage de la mélodie un sentiment d'héroïsme et de triomphe. Ce sentiment ne perdura cependant pas éternellement puisqu'à 2:43, la chorale cédera sa place à un synthétiseur assez kitsch interprétant une mélodie presque rigolote, ce qui, avouons-le, est assez déstabilisant en plein milieu d'un morceau comme celui-là. Autant vous prévenir, vous n'êtes pas au bout de vos surprises... En effet, à 3:07, le jeu de la batterie oublie son jeu de contretemps pour épouser une forme plus classique mais toujours aussi rapide et entraînante. Et là, chose encore jamais vu dans la musique d'Uematsu (vous ne m'en voudrez pas d'exclure ses deux essais débiles sur l'OST de Hanjuku Hero VS 3D ?), du Rap est à l'honneur ! Oui oui, vous avez bien lu, Nobuo a bel et bien invité un rappeur Japonais, qui plus est, pas mauvais du tout puisque le bonhomme nous sert ici un flow fluide et ininterrompu de grande qualité, bien qu'un peu noyé dans l'ensemble de la musique. Et c'est là que mon avis concernant ce morceau est assez mitigé... La trop grande densité sonore et la redondance de la musique durant la prestation du rappeur est à mes yeux un peu décevante, c'est vraiment dommage que cette dernière partie consiste plus à de l'empilage de styles plutôt qu'à une réelle fusion des genres, l'idée de base était pourtant excellente. Le MC (comme on dit dans le jargon du Rap) conclura sa prestation quelques secondes avant la fin de la boucle, fin absolument titanesque où les chœurs, l'orchestre et le Rock s'embrasent une ultime fois dans un feu d'une puissance absolue. Au final, l'ensemble s'avère être de très bonne facture, surtout la première partie qui est franchement géniale mais la deuxième partie un peu brouillonne et en demi-teinte ne convaincra pas tout le monde. On applaudira cependant la réelle prise de risque du morceau ainsi que l'extraordinaire folie qui s'en dégage. Comme quoi, même après plus de vingt ans de carrière musicale, il est toujours possible de surprendre.



19 - Theme of Seth



La furie du dernier combat étant derrière nous, nous pouvons désormais souffler. Et pour son unique thème de personnage, Uematsu nous a offert une musique à la fois sereine et émouvante. La piste débute avec une flûte très douce interprétant une mélodie très jolie, bien qu’un peu naïve. Une harpe l’accompagnera rapidement avant de d’interpréter à son tour la suite de la mélodie. À la cinquante-huitième seconde, de ravissants violons ainsi que des pizzicatos apporteront à la piste une plus grande beauté ainsi qu’une certaine nostalgie. Ponctuée ça et là de chimes délicats, la piste retrouvera à 1:39 la mélodie de départ mais cette fois-ci jouée par un hautbois. La harpe ne sera plus seule pour l’accompagner puisque les violons viendront également appuyer la beauté de la mélodie en lui offrant plus de force et d’émotion. Et pour la dernière minute du morceau, un glockenspiel discret se glissera au milieu de cet ensemble. L’étonnante fragilité du morceau renvoie largement à celle du personnage de Seth qui, bien qu’immortelle, n’a pas fait abstraction de ses sentiments humains au cours de ses siècles de pérégrination. La tendresse et la compassion dont Seth fera preuve au cours de l’aventure se retrouvent très bien retranscrites dans cette piste élégante et réussie.



20 – Light of Blessing ~ A Letter



Ou plus simplement, le Ending Theme de Lost Odyssey. Cette piste débute avec un orgue jouant une mélodie profondément heureuse et lumineuse. Des violons prendront part à ce grand moment de joie qu’une chorale viendra à son tour alimenter à partir de 1:20. Mais c’est à 2:30 que l’ensemble laissera réellement éclater sa joie lors d’une superbe envolée, aidé par des cymbales éclatantes, une harpe rapide et des cuivres très enjoués. L’instant se savoure de bout en bout tant la somptueuse mélodie prend une ampleur divine grâce à l’arrangement grandiose qui l’accompagne. Des cloches, ainsi que l’orgue toujours présent, en profitent pour rappeler la sacralité du morceau et lui offrir un caractère majestueux. Ce superbe moment d’effusion de bonheur s’estompera quelque peu lorsque le morceau s’adoucira vers 3:29. Seuls les violons, la harpe ainsi qu’un glockenspiel y trouveront leur place et concluront avec brio la première de cet Ending Theme. La seconde partie, quant à elle, opte pour un ton plus nostalgique porté par un piano délicat à la mélodie, une fois de plus, ravissante. Durant la longue minute qui lui sera impartie, le morceau marchera sur la frontière qui sépare l’espoir du chagrin sans toutefois chanceler plus d’un côté que de l’autre. Le piano est rejoint par des violons rassurants et des instruments à vent qui semblent offrir à la piste un peu plus d’assurance. Peu à peu, le morceau s’arrache à ce qui en faisait un morceau hésitant entre peine et espérance pour s’en aller vers quelque chose plus heureux. Je me trompais, le morceau a désormais choisi vers quel côté de la frontière se tourner puisque l’optimisme le gagne presque entièrement, mais pas complètement. Comme tous moments de libération et de triomphe, des moments douloureux et de sacrifices ont précédé ces instants de félicité tant désirés. Même si la fin de la piste se tourne vers un horizon remplit d’espoir, celle-ci ne peut s’empêcher de scruter derrière elle le chemin qui l’a conduit jusqu’ici. Et, à l’instar de nos héros qui ne peuvent se détacher des souvenirs qui en font des êtres humains, la mélodie gardera en elle ces moments de tristesse l’ayant amené où elle se trouve, tout en se tournant vers un avenir radieux. En plus d’accompagner à la perfection la conclusion du jeu, Light of Blessing ~ A Letter fait partie de ce genre de piste merveilleuse et touchante comme Uematsu sait si bien les composer. Un délice.



21 – What You Are (Vocal Version)



Et oui ! Le jeu a beau être arrivé à terme, cet « odyssey » musical n’est pas tout à fait terminé ! Ça tombe bien puisque qu’Uematsu nous réserve encore quelques belles surprises, à commencer par cette chanson interprétée par la non moins célèbre Sheena Easton (les chansons Morning Train ou For Your Eyes Only vous diront sûrement quelque chose). Uematsu n’a nullement cherché à dissimuler les accents Pop de cette chanson, que les hermétiques au genre passent donc leur chemin. La piste débute avec un piano paisible qui se mêle rapidement à un violon et de douces percussions. Sheena Easton fait son entrée à la vingt-huitième seconde en interprétant une mélodie radieuse très agréable, le tout sur un accompagnement fort plaisant. À la cinquante-neuvième seconde, une batterie vient rythmer un peu l’ensemble, mais calmement dans les premiers instants. Cette dernière se fera plus clairement entendre une poignée de secondes plus tard lorsque que la chanteuse entonnera la mélodie précédant le refrain. Ce dernier entre en scène à 1:53 et on se surprendra à en fredonner la mélodie lors de son retour (tout comme pour les couplets d’ailleurs). Sans suit alors un pont sympathique, bien qu’un peu cliché, à la guitare électrique. Le couplet reprend et la batterie ne se fait pas désirer cette fois-ci et elle accompagnera Sheena Easton jusqu’à la fin de sa prestation. Les derniers refrains, comme on pouvait s’en douter, montent de quelques tons tout en se dotant de plus d’énergie grâce aux violons, à une harpe et à la guitare électrique. Le sentiment de bonheur véhiculé tout au long du morceau sera également celui qui le terminera. Alors oui, certains trouveront cette chanson « gnangnan », aux accents trop pop et aux paroles trop niaises mais en ce qui me concerne, j’ai trouvé Nobuo en bonne forme, l’arrangement, dans son genre, tout à fait réussi et la voix de Sheena Easton franchement bien adaptée à ce type de chansons. L’alchimie entre la chanteuse et le compositeur est telle que, pour peu qu’on apprécie le genre, il n’y aucune raison qu’on ne passe pas un très bon moment en écoutant What You Are. Ah oui, l’intégration de la musique dans le jeu est tout bonnement géniale.



22 – Main Theme



Il était attendu et il n’a pas déçu. Morceau d’importance capitale dans toute bande originale digne de ce nom, le thème principal de Lost Odyssey fut l’un des tous premiers morceaux qui aient été entendus lors de l’annonce du jeu. Des tambours militaires au rythme pathétique et des violons saccadés ouvrent le morceau et plongent aussitôt l’auditeur dans une ambiance à la fois profonde et mature. La mélodie principale, interprétée par de superbes violons, se fait entendre à la septième seconde. Des sonorités électroniques, rappelant le contexte industriel du jeu, accompagnent le thème jusqu’à la quarante-troisième seconde où les violons se délesteront de tous les autres instruments durant quelques instants. De lourdes timbales réintroduiront les tambours de départ, accompagnés d’instruments à vent, ainsi que d’une harpe et de légers cuivres. Le thème devient alors plus contemplatif, comme si Uematsu avait voulu résumer à travers sa mélodie les milles années d’errements de Kaim et les nombreux évènements dont il a été témoin. Mais le meilleur reste à venir... En effet, à 1:45, une voix féminine fait son apparition, avec pour seule accompagnement une harpe. Et quelle voix mes amis, quelle voix ! Envoûtante, chaleureuse, divine et surtout, absolument magnifique, la choriste interprétera une superbe mélodie écrite d’une main de maître par Uematsu. Si jusqu’à maintenant, l’ensemble du morceau n’avait qu’évoqué les plus tristes et les plus durs aspects de la vie immortelle de Kaim, cette voix presque bénie semble soudainement évoquer les nombreux moments de bonheur auxquels notre héros a pu assister. À 2:10, des violons viendront soutenir cette impression de beauté presque parfaite instaurée par la mélodie du moustachu et de son interprète terriblement talentueuse. Ce crescendo d’émotions ne s’arrête pas là puisque à 2:41, les cuivres reviennent à la charge alors que les violons se font de plus en plus puissants. La harpe s’en mêlera en se faisant plus rapide jusqu’au roulement de tambour qui signera le retour du morceau tel qu’il était au départ : Tambours, timbales, sonorités électroniques et cuivres reviennent tous ensemble pendant que les violons claironnent à nouveau et une dernière fois la désormais inoubliable mélodie de ce Main Theme, comme si tous les éléments qui constituent la vie immortelle de Kaim se retrouvaient ici, ne formant qu’un. Seul un élément manque à l’appel... La voix ! N’ayez crainte, celle-ci reviendra à 3:23, fusionnant parfaitement avec l’ensemble pourtant déjà très dense. Tous les instruments s’entremêlent une ultime fois lors d’une envolée renversante de beauté et d’émotions qui disparaîtra au loin, laissant alors les imperturbables tambours et violons de départ continuer leur route inlassablement, tout comme Kaim, l’homme immortel. Extraordinairement bien construit et formidablement bien composé, ce Main Theme restera à n’en pas douter dans les annales de la VGM ! On ne peut que s’incliner devant tant de grandeur et de génie. Chapeau bas, Maître Uematsu, chapeau bas.



23 – Eclipse of Time (Vocal Version)



Avant de nous faire ses adieux, Nobuo a tenu à nous livrer une dernière composition et plus précisément, une dernière chanson. Cette fois, exit la guitare électrique et les percussions entraînantes, place à la douceur chaleureuse de la harpe. Celle-ci se verra soutenue par des violons délicats qui viendront accentuer l’émotion ininterrompue du morceau sans pour autant en altérer la douceur. Une nouvelle fois, c’est Sheena Easton qui se chargera de transposer l’émotion de la mélodie échappée du bout des doigts du moustachu. Prononcée, et pourtant apaisante, la voix de la choriste entame sa prestation à la trentième seconde. Dès lors, notre attention se fige, comme inévitablement attirée par la beauté de la composition et de son interprète. La mélodie s’offre à nos oreilles. Elle semble d’abord nous effleurer puis fini par nous caresser puis nous enlacer de toute sa tendresse. Impossible de résister, la belle nous charme, nous invite et nous fait littéralement fondre. À cette inexplicable beauté se mêle un étrange sentiment de nostalgie qui transporte l’auditeur aux confins de mille et un souvenirs qui lui sont propres. Soyez sans crainte si Sheena Easton s’absente quelques instants vers la troisième minute, c’est pour laisser la grâce de plusieurs violons nous émouvoir de la manière la plus profonde qui soit. La chanteuse reviendra nous émerveiller quelques mesures plus tard et les violons, quant à eux, ne comptent plus laisser la harpe toute seule. Ceux-ci l’accompagneront jusqu’au bout de la piste, mais ne parlons pas de choses qui fâchent. Honte à moi de ne pas vous avoir fait mention des paroles très touchantes de Hironobu Sakaguchi qui font honneur à la composition d’Uematsu. Certes, ces dernières sont simples mais justement, c’est justement cet habillage léger mais ô combien poignant de la chanson qui la rend si superbe. Ces paroles parlent du temps qui s’efface, qui s’enfuit, tout comme les gens que nous rencontrons et que nous aimons, d’où le ressenti très personnel de chacun à l’écoute de ce morceau. Malheureusement, toute bonne chose à une fin et déjà, la voix de Sheena Easton nous paraît tellement loin quand la harpe vient nous murmurer les derniers accords du morceau. À l’instar du temps, Monsieur Uematsu s’éclipse de la plus belle manière qui soit et ce n’est non sans émotion et difficulté que nous nous résolvons à le laisser s’en aller... Pour conclure, je me contenterais d’un simple mais sincère « Merci, Nobuo ».



Conclusion :



Après de nombreuses heures d’écoute et d’analyse, mon avis concernant cette bande originale oscille entre véritable plaisir et déception... Nobuo Uematsu nous a offert à travers ce nouveau travail de réels moments de bonheur et de superbes compositions à la hauteur de son talent. Malheureusement, on regrettera le manque de constance de cette OST qui, contrairement à Blue Dragon où tout était globalement bon, voire très bon, accumule à la fois des pistes incroyablement magnifiques et de grosses déceptions. En effet, si la majorité des musiques tendent clairement vers un résultat très positif, une trop grande partie laisse à penser qu’Uematsu ne s’est pas toujours impliqué avec la même intensité tout au long de la création de cette bande originale, en témoignent des certaines pistes banales et peu inspirées, pour ne pas dire complètement inintéressantes. Toujours au niveau des déceptions, et celles-ci sont plus personnelles, je m’attendais à plus de pistes émouvantes (l’émotion ayant toujours été annoncée comme l’élément fondamental du jeu) et à moins de reprises.



Autre problème déjà rencontré avec Blue Dragon : le jeu accuse d’un léger manque de musiques, et une poignée de pistes supplémentaires n’auraient pas été un luxe mais il s’agit plus d’un problème que relèvera le joueur plutôt que l’auditeur. Toujours au rang des problèmes de « fainéantise », Uematsu a une fois de plus délégué l’arrangement de la totalité des morceaux à Hiroyuki Nakayama et Satoshi Henmi plutôt que de s’en charger lui-même comme il l’a très longtemps fait. La déception ne vient nullement du travail très réussi des deux arrangeurs, qui confirment une fois de plus leurs grands talents en la matière, mais plutôt du recours quasi-systématique d’Uematsu à la facilité depuis quelques années. Si la grande majorité des mélodies atteignaient les sommets Uematsuien d’antan, la pilule serait moins difficilement passée mais force est de constater qu’il y a une frontière entre le très bien et le génial que finalement peu de morceaux de l’OST arrivent à franchir, la faute probablement aux thèmes moins marquants qu’auparavant, bien qu’agréables et réussis pour la plupart. Ces trois longues années d’impatience m’ont sans doute fait trop espérer... Peut-être en attendais-je trop de la part du moustachu connaissant son talent ? Ou peut-être qu’Uematsu aurait réellement pu faire mieux ? Probablement un peu des deux.



Cependant, je n’aimerais pas conclure sur cette note négative, cela serait tout simplement injuste en comparaison du travail abattu par le moustachu qui, au final, nous a livré une œuvre au résultat vraiment bon. Nobuo Uematsu a su nous surprendre, nous émerveiller, nous faire voyager et nous émouvoir à travers des compositions dont lui seul à le secret. Et si le monsieur a quelque peu délaissé son stakhanovisme d’autrefois, il n’en n’a pas moins oublié de nous offrir une bande originale d’un très bon niveau qui, bien qu’irrégulière, n’a pas à rougir devant ses précédents travaux.




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