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Lost Odyssey. Deux simples mots qui pendant plusieurs années ont su susciter une certaine impatience au sein de la communauté des amateurs de RPG Japonais. Pas simplement parce que l’on nous promettait un jeu à l’incroyable portée émotionnelle, non, mais également parce que Hironobu Sakaguchi avait aussi prononcé deux autres mots magiques. Ces mots ? Nobuo Uematsu. L’impatience s’est faite alors plus grandissante et plus insupportable chaque jour jusqu’à ce 23 Janvier 2008 où la libération nous fût offerte. Autant vous dire que cette bande originale s’est faite attendre ! Comment ne pas se remémorer les émouvantes mélodies d’Uematsu en apprenant que son prochain travail se retrouverait concentré dans un jeu profondément humain ? Comment ne pas frémir d’impatience en voyant la maturité qu’arboraient les trailers du jeu ? Comment ne pas s'imaginer que l’un des plus grands génies de la VGM allait revenir pour nous livrer un travail à la beauté dévastatrice ? Mais une trop grande attente ne peut-elle pas être la source d’une déception toute aussi retentissante ? C’est la question à laquelle nous allons tâcher de répondre tout au long de cette critique.




CD1 :



01 – Prologue



L’ouverture de cette bande originale se fait dans la sobriété et l’élégance absolue. Très solennel, ce Prologue donne immédiatement le ton global du jeu et l’ambiance mature dans lequel celui-ci baignera. Des roulements de tambours, accompagnés de violons et d’un hautbois assez doux introduisent le début du morceau jusqu’à la vingt-troisième seconde où la mélodie débutera. Remplit de tristesse mais aussi d’espoir et d’humilité, cette mélodie n’est autre que le thème principal de Lost Odyssey. Des cloches viendront s’ajouter au reste de la composition, rendant cette dernière encore plus fatale. Une douce flûte viendra néanmoins apporter un peu plus de légèreté à cette piste dont la fin de la boucle paraît presque imperceptible tant celle-ci s’achève à merveille et nous laisse captif dans la spirale de sa mélancolie. Une piste pleine de retenue vraiment superbe qui, en plus d’être un très bon choix pour commencer l’OST, reflète à merveille la profondeur émotionnelle du jeu.



02 – Battlefield



Si je devais décrire cette piste en un seul mot, je choisirais « éblouissant ». Pour cette musique (dont la séquence qu’elle accompagne n’est autre que la superbe scène d’ouverture du jeu), Uematsu n’y est pas allé avec le dos de la cuillère puisque celui-ci nous offre là l’une des plus imposantes pistes de cette bande originale, tout simplement. Des tambours militaires et des violons saccadés assez discrets mais néanmoins appuyés introduiront le morceau avec justesse jusqu’à la vingt-deuxième seconde où des cuivres et autres instruments à vent viendront interpréter une mélodie pour le moins entraînante. À cet ensemble se mêle alors le martèlement d’une percussion métallique n’est pas sans rappeler les cliquetis des armes s’entrechoquant et le fracas des corps des soldats s’effondrant sur le sol. Une fois la première minute écoulée, la mélodie s’absente mais le martèlement, lui, continue, comme si la cruauté du champ de bataille jamais n’avait de cesse. On pourrait presque croire à un instant de soulagement et de sérénité si les cuivres ne revenaient pas claironner vers 1:31. Plus nerveux, le rythme reprendra alors avec une mélodie plus présente et plus sombre qu’auparavant. Cette dernière s’estompera quelques secondes après qu’un lourd gong ait retenti à 1:56. Alors que tout semblait être achevé, un passage plus cinglant et plus impitoyable attend l’auditeur. Une percussion glaciale s’impose avec fracas et celle-ci est immédiatement appuyée par d’imposantes timbales. Les violons reviennent eux-aussi et semblent dégouliner de cruauté. L’horreur du spectacle est sans pareil : un immense météore de lave s’abat sur les factions militaires, ne laissant derrière lui qu’une immense terre brûlée où la vie n’y a plus sa place. L’œil de Kaim fixe l’horizon sanglant et contemple alors la scène qui se fige au rythme des cuivres sans pitié clôturant alors ce sentiment d’oppression au moment où toutes les Montagnes de Wohl s’embrasent. Comme un glas dont l’arrivée est inévitable, la fin du morceau se fait dans tout ce qu’il y a de plus rude et ne laisse à celui qui l’écoute qu’un sentiment de désespoir auquel il ne peut échapper. L’auditeur peut alors reprendre son souffle et se rendre enfin compte du travail extraordinaire dont a bénéficié ce morceau. L’orchestration y est menée avec brio, la violence de la scène est retranscrite à la perfection et la composition est d’une maturité redoutable. Peu accessible de prime abord mais néanmoins titanesque de bout en bout, ce morceau ne peut que prouver à quel point Uematsu a su saisir avec intelligence l’ambiance profondément sombre et adulte du jeu. Un travail fascinant dont on ne peut qu’applaudir l’excellence et la subtilité.



03 – Fire Above the Battle



Voici le thème des combats de Lost Odyssey ! Forcément très attendu, la question que l’on se pose est souvent : « Alors, pas trop répétitif ? ». Et bien non, absolument pas. Nobuo Uematsu a d’ailleurs réussi là où il aurait été très facile d’essuyer un échec : allier rythme entraînant et mélancolie dans une même musique, la mélancolie faisant bien sûr écho à la tristesse ambiante du jeu. Introduite par une envolée au violon saisissante durant les quatre premières secondes, le morceau s’installe assez rapidement à l’aide d’un piano aux notes graves et des percussions à contretemps. Tout semble aller pour le mieux quand tout à coup, horreur et putréfaction ! Sans crier gare, la mélodie des combats arrive comme un cheveu dans la soupe, amputant alors une longue partie de l’introduction originale. Un choix vraiment regrettable car la première version de ce morceau amenait avec bien plus de cohérence la suite de la composition, tout en la rendant plus variée et encore plus grandiose. Ici, l’arrivée trop brusque du thème est à peine digne du mot amateurisme tant le résultat est maladroit et décevant. Bon, rendons quand même à ce thème les louanges qu’il mérite : Celui-ci reste très beau, agréablement marquant et surtout, orchestré avec une maîtrise stupéfiante. Les violons semblent pleurer alors que le rythme s’intensifie au fur et à mesure du morceau. Le claironnement des cuivres, venant seconder les violons, offrent à la piste une plus grande intensité émotionnelle, que cela soit au niveau de la mélancolie ou de la fureur combative qui s’en dégage. La deuxième partie de la piste, un peu moins passionnante, est principalement un jeu de percussions très entrainant entrecoupé de violons saccadés puis de cuivres vers la fin de la boucle. Au final, ce thème laisse autant de plaisir que d’amertume. Uematsu a su combiner à merveille tristesse et combativité et le résultat est aussi brillant qu’envoûtant mais d’un côté, le monsieur nous laisse sur notre fin avec ce Fire Above the Battle version cul-de-jatte. Ceci est d’autant plus incompréhensible que la version originale de la piste se fait entendre à deux reprises dans le jeu (lors du tout premier combat du jeu et au troisième DVD). Heureusement que votre site préféré (c’est-à-dire celui sur lequel vous vous trouvez en ce moment) a conservé la version originale ripée (et en excellente qualité) ici pour que vous puissiez régaler votre second sens. Certes, j’ai été un peu amer mais ne vous contentez pas de ne retenir que mon coup de gueule, le morceau reste superbe et mérite vraiment une écoute approfondie. Souhaitons simplement que ce genre de déception ne se renouvelle pas à l’avenir.



04 – Stopping Blow



Très courte, cette piste démarre sur les chapeaux de roue avec une introduction très rythmée et quasi-similaire à celle de Fire Above the Battle. Des percussions très vives, mêlées à des violons diablement enjoués, installent une ambiance nerveuse presque oppressante et l’arrivée des cuivres à la neuvième seconde ne fait que renforcer cette impression. Néanmoins, à la quatorzième seconde, le morceau prend une tournure nettement plus triomphante : Percussions et violons deviennent alors très saccadés, tout comme les cuivres qui marquent alors très rapidement la fin de ce morceau qui accompagnera quelques scènes cinématiques très brèves. Une piste vraiment réussie qui remplira pleinement son rôle à chacune de ses apparitions dans le jeu.



05 – Immortal Life



Après l’agitation et la violence des tracks précédentes, Uematsu nous rassure à l’aide d’un court moment de quiétude débordant d’humanité. Ici, point d’orchestration sophistiquée, loin de là. Juste quelques notes de piano figées dans l’éternité interprétant le thème principal de Lost Odyssey. Une éternité pleine de joie et de chagrin, d’amour et de haine, de beauté et de cruauté. Voilà ce que transpire cette courte piste dont l’émotion, à la fois pudique et saisissante, s’empare petit-à-petit de son auditeur. On regrettera néanmoins la courte durée de cette composition tant se résoudre à laisser s’en aller d’aussi merveilleuses notes paraît déchirant. Rassurez-vous, cette bande originale saura vous ravir d’autres moments tout aussi beaux.



06 – Wohl Highlands



Nobuo décide de ne pas briser la douceur du morceau précédent en nous offrant une composition calme à l’ambiance envoûtante. Des nappes de synthétiseurs et des chœurs discrets vont d’emblée imposer une sorte de sérénité sur la région montagneuse de Wohl, ravagée quelques instants auparavant par le mystérieux météorite. À la vingtième seconde, un beat léger se mêle à l’ensemble ainsi qu’une furtive mélodie au piano. Très jolie, cette ambiance apaisante se verra troubler à la quarante-troisième seconde où s’effectuera un changement radical et surprenant ! En effet, si le danger du météore semble être définitivement écarté, cette deuxième partie illustre avec brio les souvenirs que les Montagnes de Wohl ne peuvent taire : destruction de la vie, nature ravagée, lamentations d’âmes apeurées et autres horreurs régnant en ces terres fantomatiques. Une simple note piano très grave ainsi qu’une flûte menaçante et un violon sinistre mènent à bien l’instauration de cette ambiance malsaine et répugnante vraiment réussie. Des timbales très rapides viendront clôturer les vingt-cinq dernières secondes, rappelant alors la brutalité avec laquelle ce lieu a été entièrement ravagé. Très ambiante, cette piste très particulière peut se vanter sa subtilité : elle incarne à merveille l’apparence et la face cachée des Montagnes de Wohl. La première partie de la piste reflète l’aspect serein et tranquille de ce lieu silencieux mais la deuxième partie, quant à elle, toutes les atrocités dont les cimes de Wohl ont été témoins. Et le résultat est aussi surprenant que réussi.



07 – Battle Conditions



L’un des thèmes de boss du jeu. Contrairement à Fire Above the Battle, ce morceau délaisse complètement le côté orchestral pour se tourner vers quelque chose de résolument… Rock ! Le morceau démarre en trombe, installé avec vivacité par une batterie entraînante, une basse et une guitare électrique. Quelques secondes s’écoulent avant que la mélodie se laisse finalement entendre. Malheureusement, si l’énergie de la batterie demeure diablement entrainante d’un bout à l’autre de la piste, on ne peut pas en dire autant de la mélodie interprétée au synthétiseur. Celle-ci, tout en demeurant agréable, reste bien mollassonne et contrebalance inévitablement avec le dynamisme du reste de la piste. Et quand elle commencera à devenir jubilatoire et plus nerveuse vers 1:44, ce sera pour terminer la boucle quelques secondes après. Le morceau se contente de remplir son rôle, il reste sympathique mais aurait pu être bien meilleur avec une mélodie plus pêchue et plus enjouée. Une légère déception en somme.



08 – Victory



Le titre parle lui-même. Vous aurez bien sûr deviné qu’il s’agit du Victory Fanfare de Lost Odyssey. Assez moche, pas à cause de sa mélodie mais de ses cuivres synthétiques, la piste s’orne par la suite d’une reprise plutôt jolie du Main Theme. Bon, c’est pas comme si ce genre de morceau était d’une importance capitale non plus... Au suivant !



09 – The Capital of Urha



La Capitale d’Urha est l’une des trois grandes villes de Lost Odyssey dans laquelle la révolution magique et industrielle y est fortement implantée. Ses couleurs ocre, son architecture très stricte, ses nombreuses rues pavées, ses multiples réseaux ferroviaires et industries et surtout, son ambiance traditionnelle peu-à-peu mêlée à la magie sont autant d’éléments qui confèrent à cette cité une identité particulière. Cette ambivalence va se retrouver dans la musique qu’Uematsu a offerte à cette ville. Introduite par une harpe des cuivres assez calmes, la piste s’installe tranquillement. À la treizième seconde, deux mêmes notes de piano, l’une aiguë, l’autre grave font leur entrée. L’une faisant écho à l’autre, toutes deux semblent se parler et pourraient tout à fait représenter les deux éléments principaux caractérisant si bien Urha. À l’instar de la tradition Urhienne et de la révolution magique et industrielle, ces deux notes cohabitent à merveille, à tel point que ces deux dernières serviront de base pour la suite de la composition. La mélodie fait son entrée assez tardivement, à la cinquante et unième seconde pour être précis. Le cuivre qui l’interprétera se révèle alors assez doux et plutôt envoûtant. Des percussions celtiques viendront simultanément appuyer le côté traditionnel de la piste, renforçant alors l’ambiance prenante de la composition. Dommage que la mélodie n’ait finalement rien d’exceptionnel et qu’elle se contente « simplement » d’être réussie. À 1:30, cette mélodie cesse, il en va de même pour la harpe et le piano, présents depuis le début du morceau. Des chœurs font alors leur entrée. Captivants, ceux-ci seront secondés par un sitar venant appuyer les débuts de mesures et un cuivre encore plus doux que le premier amorcera la fin du morceau. Des percussions plus effacées se feront également entendre et celles-ci se chargeront de clôturer la piste dans un roulement de tambour. L’ambiance fascinante rend la composition indéniablement intéressante et ingame, le résultat est évidemment très réussi mais on regrettera tout de même la courte durée de la piste, son démarrage assez long et sa mélodie juste sympathique.



10 – Neverending Journey



Une petite ballade en Amérique du Sud, ça vous tente ? Ça tombe bien, Uematsu a envie de vous faire voyager avec cette piste qui accompagnera vos errements sur la mappemonde du jeu. Et le moustachu ne fait pas les choses à moitié puisque celui-ci a décidé de faire appel à un groupe constitué de trois instrumentistes traditionnels nommé Grupo KHANTATI. Un charango (guitare à cordes pincées, très répandue dans les pays andins) introduira la piste avec des accords simples et élégants et sera vite rejoins par des bombos (percussions) à la fois discrets et entraînants. À la douzième seconde, une superbe quena (flûte droite utilisée dans les pays andins, également appelée flûte des Andes) viendra interpréter le thème principal de Lost Odyssey. Couplé à cette gamme d’instruments, le thème devient alors évasif et envoûtant comme jamais. À la quarante septième seconde, une guitare ressemblant à une mandoline se charge d’amener la suite du morceau qui va continuellement s’agrémenter de nouveaux instruments. Les chajchas (percussions faites à l’aide de sabots de chèvre cousus sur un tissu), présents depuis le début du morceaux, vont dès lors s’affirmer et offrir un peu plus de présence à la piste qui s’intensifiera encore avec l’arrivée d’une zampoña (instrument à vent polycalame andin, une sorte de flûte de pan). Cette impression d’amplification éclatera alors lorsqu’une guitare électrique (!) reprendra avec les divers instruments à vent le thème principal du jeu. Ce mélange osé aurait bien pu tourner au vinaigre mais il n’en n’est rien puisqu’au contraire, les instruments se mêlent à merveille les uns aux autres malgré leur aspect contradictoire et forment un tout absolument cohérent, surprenant certes, mais ô combien réussi. Bien que très présente, la guitare électrique n’étouffe en rien l’ambiance péruvienne de la piste, au contraire, elle la sublime avec une justesse effarante et l’évasion est totale. De part sa prise de risque évidente, sa composition maîtrisée et son arrangement excellemment bien construit, la piste en devient fatalement géniale. Du grand Uematsu, assurément. On applaudit et on en redemande !


Les membres de Grupo KHANTATI :

Kouhei Takeda, Shizue Shimada (derrière)

& Ernesto Kawamoto (premier plan).

11 – Ipsilon Range



Les cimes pluvieuses d’Ipsilon sont accompagnées d’une piste ambiance des plus réussies. Une guitare répétitive introduit la piste en lui offrant instantanément un soupçon de mystère, un beat feutré s’y adjoindra très rapidement. Un violon au volume croissant viendra alors renforcer durant quelques secondes cette aura de mystère mais une deuxième guitare viendra jouer les troubles fêtes. Évoquant particulièrement bien la pluie grâce à sa sonorité tremblante, celle-ci se stoppera net à l’arrivée d’une troisième guitare. Cette dernière s’éloigne de l’ambiance énigmatique du début de la piste tant sa mélodie simple et ses accords légers lui apportent une soudaine fraîcheur. Teintée dès à présent d’une quiétude palpable, des violons apaisants continueront d’accentuer ce sentiment de tranquillité quelques secondes plus tard. Les percussions en profiteront pour ne pas se laisser étouffer par l’arrivée des nouveaux instruments et consolideront leurs rangs en devenant plus fortes et, par conséquent, moins effacées. La composition d’Uematsu devient alors radieuse et envoutante. Le paysage forestier d’Ipsilon semble alors s’ouvrir complètement à nous et devient alors nettement plus séduisant que ce que laissait présumer le début du morceau. Méfiez-vous tout de même, ne prenez pas ces montagnes pour un parcours de santé car le la fin de la boucle n’est jamais loin et le début de celle-ci se chargera de vous rappeler qu’au sein de ces montagnes, accueillante en apparence, se cachent une faune hostile et de redoutables adversaires ! Le résultat est tellement réussi qu’on aurait tendance à l’oublier…



12 – Sad Tolten



Un clavecin saccadé, des violons discrets, des flûtes douces. Un décor pathétique s’installe dès les premières secondes à l’aide de ces quelques instruments dont découle une épaisse mélancolie. La lenteur du morceau joue ici un rôle très important puisque c’est elle qui va permettre à la composition de nous envouter et d’installer en nous un imposant sentiment de chagrin. Le clavecin est bien sûr là pour rappeler le statut royal du Prince Tolten mais également pour apporter au morceau une lourde dimension de tristesse grâce à son rythme saccadé. La flûte évoque quant à elle la gentillesse mais aussi la naïveté du personnage grâce à sa douceur et sa légèreté, c’est d’ailleurs elle qui interprétera la mélodie du morceau. Les violons, eux, viennent soutenir très largement le sentiment de déboire qui émane de la mélodie. Ceux-ci se feront tantôt doux et sereins, tantôt poignants et puissants. Le moustachu prendra même le temps de glisser ponctuellement une discrète harpe ainsi qu’un glockenspiel vers 1:18, le tout avec une justesse effarante. Je vous parlais un peu plus haut de la mélodie, précisons tout de même à quel point celle-ci est réussie. Uematsu a su saisir avec brio le sentiment d’accablement qui s’emparera du jeune Tolten au cours du jeu et autant vous le dire, la réussite de ce morceau est telle que la tristesse de ce personnage en devient contagieuse. La composition d’Uematsu est très brillamment pensée et cet étrange sentiment de peine que l’on ressent à son écoute en est le parfait témoin. Une des meilleures pistes de cette bande originale ? Indéniablement.



13 – Gongora’s Plot



Le thème du grand méchant de Lost Odyssey. J’espère pour vous que vous l’apprécierez car ses reprises seront nombreuses (un peu trop à mon goût d’ailleurs). La mélodie menaçante de ne perd pas de temps et démarre dès la première seconde. Jouée par un clavecin, celle-ci baignera dans une ambiance pesante durant les trente-cinq premières secondes. Par la suite, le sombre violon se dissipera quelques instants pour laisser la place à de froides percussions au rythme saccadé. Le sentiment de menace se transforme alors peu-à-peu en sentiment de fatalité qui ne quittera plus la boucle. Un beat électronique assez étrange prendra part à cette ambiance malsaine vers 1:44 et s’achèvera en même temps que la boucle, à 2:15. Au final, la piste se révèle plate, ennuyante et sans grand intérêt : Le thème y est juste sympathique, l’ambiance n’est pas franchement géniale et surtout, l’ensemble manque clairement de folie. Certes, ça reste assez agréable à écouter mais le résultat demeure néanmoins une déception.



14 – An Enemy Appears !



Mais… ? Qu’est-ce que vient faire du Hanjuku Hero en plein milieu d’une OST telle que celle de Lost Odyssey ? C’est exactement la question que je me suis posé en écoutant cette piste pour la première fois. Une batterie aussi rapide qu’entraînante introduit la piste tandis que des sonorités électroniques servent de fond sonore à l’ensemble. La mélodie, jouée par un synthétiseur, fait son entrée à la quinzième seconde et la qualifier de cocasse n’est pas peu dire ! Kitsch à souhait, Uematsu prouve une fois de plus qu’il n’a pas son pareil pour composer des morceaux débiles et drôles. Vers la cinquante-troisième seconde, la mélodie évolue et une guitare électrique et d’autres synthés viennent alors pimenter le tout en offrant au morceau un peu d’énergie et bonne humeur. C’est d’ailleurs la guitare électrique qui clôt avec brio la boucle. Surprenant de prime abord par sa présence vraisemblablement inconvenante, An Enemy Appears ! se révèle finalement être une très bonne surprise de par son arrangement et sa composition maitrisés et son intégration quasi-parfaite dans le jeu. Le fait que l’ensemble reste toujours amusant sans oublier une seule seconde d’être entraînant est également un véritable gage de réussite. Paradoxalement, c’est le genre de morceau auquel je ne m’attendais absolument pas et finalement, c’est l’un de ceux sur lequel je suis finalement le plus revenu.



15 – World of Ice



Changement radical d’ambiance puisqu’après la joviale An Enemy Appears ! intervient une piste à l’atmosphère oscillant entre le calme et le mystérieux. Des bruitages synthétiques se font entendre dès le début de la piste avant d’être rapidement rejoins par un vibraphone aux accords assez étranges. À 1:16 se fera entendre une chute de notes se faisant qui sera alors récurrente dans le morceau. Un peu plus tard, vers 2:48, un piano et des timbales s’ajouteront à l’ensemble peu convaincant de la piste mais ne la rendrons guère plus passionnante. Au final, la platitude du morceau le rend ennuyant et franchement inintéressant. L’ambiance n’est pas fascinante pour un sou et ce n’est pas l’absence de réelle mélodie qui sauvera la piste, juste correcte. D’ailleurs, pourquoi avoir nommé la piste World of Ice, alors que celle-ci ne se fait entendre que sur une plage ensoleillée… ?



16 – March to War



Bien plus enthousiasmant que la piste précédente, March to War n’est pas sans rappeler le travail d’Uematsu sur Final Fantasy VIII. Des tambours militaires introduisent la piste, rapidement rejoins par une cloche ainsi que des cuivres puis des violons saccadés. Le décor est planté : l’atmosphère est à la fois sérieuse et pesante et la mélodie n’augure pas vraiment quelque chose de joyeux. Tantôt menaçant, tantôt entraînant, ce thème, qui précèdera la plupart du temps à affrontement contre des factions armées, est une vraie réussite ! Délicieusement composé, chacune de ces interventions dans le jeu seront parfaitement intégrées et sa simple écoute laisse deviner la tension pouvant se dégager des scènes qu’il accompagne. Pas de quoi crier au génie mais largement de quoi se délecter et c’est bien là l’essentiel.



17 – Crisis & Warning



On continue sur la lancée amorcée par March to War avec cette piste militaire mais avec cette fois-ci un côté pesant vraiment renforcé. Soutenue par de graves percussions, la mélodie, interprétée par des violons lents et sombres, appuiera ce lourd sentiment de menace. L’ambiance qui se dégage alors de Crisis & Warning est tout simplement savoureuse car maîtrisée et diablement réussie. Et là, grande surprise : à 1:17, le morceau évolue et change du tout au tout ! Le titre se justifie alors pleinement et passe de l’état de crise à celui de danger imminent. Plus rapide, plus nerveuse et nettement plus menaçante, la piste prend alors une tournure surprenante sans en altérer la qualité de départ. L’orchestre se déchaine totalement, les violons mais aussi les cuivres deviennent beaucoup plus entrainants, timbales et cymbales viennent se mêler à l’ensemble pour offrir plus de puissance à la nouvelle mélodie. Cette impression de violence croissante ne se stoppera qu’au moment où la boucle atteindra le sommet de sa montée en puissance, laissant ainsi l’auditeur pantois face à un résultat aussi colossal ! Un travail exemplaire que nous signe là notre moustachu favori !



18 – White Depot Ship



Un peu de Phantasmagoria, ça vous tente ? Ça tombe bien puisque l’atmosphère planante et onirique du morceau fait immédiatement penser à l’album solo d’Uematsu, sorti il y a quatorze ans maintenant. Une douce harpe ainsi que des nappes de synthétiseurs vous plongeront dans cette ambiance relaxante, à la trente-quatrième seconde, un instrument à vent apaisant viendra interpréter la sympathique mélodie de la piste. À 1:57, la piste prendra un peu plus d’ampleur sans pour autant se détacher de sa nature contemplative originale. De très beaux chœurs offriront à la piste une quiétude encore plus intense, le côté divin qui en émane ne peut que donner l’impression d’assister à quelque chose de divin et de pur, chose que le blanc représente très bien. Tiens tiens, White Depot Ship. À défaut de ne pas aimer ce genre d’ambiance, je ne vois pas ce qui pourrait nous empêcher de dire qu’Uematsu a réussi son coup avec cette piste reposante très agréable.



19 – Eclipse of Time (Harp Version)



Comme l’indique la parenthèse du titre, ce morceau n’est constitué que d’un seul instrument : la harpe. Attendez-vous d’ores et déjà à quelque chose de doux. Très calme, cette piste n’est autre qu’un arrangement de la dernière chanson du jeu sur laquelle nous reviendrons vers la fin de cette critique. Mystérieusement nostalgique, la mélodie principale du morceau introduit directement la piste, nous évitant ainsi un long démarrage. Dès les premiers accords, un étrange sentiment de solitude se dégage, l’intimité dans laquelle Uematsu plonge l’auditeur est tout à fait réussie. Très subtile, l’émotion tout en retenue de la mélodie rend le morceau savoureux d’un bout à l’autre et quand viennent les notes du refrain, la beauté apaisante de la harpe se fait plus enivrante qu’auparavant… Fragile, délicate mais tellement belle, cette version d’Eclipse of Time est un merveilleux ravissement pour les oreilles que je ne vous conseillerais jamais assez. Les plus beaux endroits étant toujours ceux dont on n’aimerait jamais partir, je pense que je vais me replonger dans cet océan de douceur encore quelques instants…



20 – Numara Palace



Après l’excellence qu’incarne Eclipse of Time (Harp Version), Numara Palace fait bien pâle figure. Tout comme World of Ice, Uematsu tente une nouvelle fois de transformer l’essai d’une piste d’ambiance sans réelle mélodie mais une nouvelle fois, le résultat se solde par une déception. Et les percussions orientales plutôt jolies n’y feront rien, l’ambiance reste passable et la mélodie au sitar est franchement en-dessous de ce à quoi le moustachu nous a habitué. Ajoutons à cela, l’inutile durée de la boucle (2:38 !) et un jeu de violons tout ce qu’il y a de plus banal et nous pouvons affirmer, sans trop de risques, que rien ne sauvera le morceau de sa médiocrité. Heureusement qu’une nouvelle plus réjouissante nous attend à la vingt-et-unième piste.



21 – The Capital of Numara



Besoin de vacances, de soleil et d’évasion ? Non, ceci n’est pas un mauvais slogan d’agence de voyage mais bien ce qui décrit le mieux la musique de la Capitale de Numara : l’évasion. De sympathiques percussions introduisent le morceau, avant d’être rejoins par une guitare ensoleillée et une basse. Quelques secondes plus tard, un apaisant piano viendra offrir un brin de tranquillité à la piste qui démarrera vraiment à 1:25. Introduits par une harpe et des chimes, de lumineux violons accompagnent la mélodie principale, jouée par une douce flûte. Enivrante et très rafraichissante, la piste, juste sympathique au départ, devient un véritable enchantement : Le dépaysement est total et l’ambiance décontractée de la piste est vraiment réussie alors fermez les yeux et profitez encore un peu du vol avant la prochaine escale, la compagnie Air Uematsu vous souhaite un très agréable voyage…



22 – Small Recollection



L’atterrissage se fait en douceur avec Small Recollection, une boîte à musique. La mélodie, introduite dès la première seconde, s’avère être plutôt jolie mais pas franchement inoubliable. Le jeu de la main gauche se limite uniquement à deux notes, ce qui rend le morceau un peu trop simple et un poil répétitif. Moi qui suis habituellement friand de ce genre de piste (Aaaah, les boîtes à musiques de Mitsuda…), j’ai été plutôt déçu par celle-ci, d’autant plus qu’Uematsu n’a pas mis à profit son habituel talent de mélodiste. Le résultat est mignon et correct mais sans grand intérêt…



23 – Kelolon Forest



Pour ceux qui sauraient pas, les Kelolons sont aux jeux de Mistwalker se que les Moogles sont à la série Final Fantasy. Faut-il s’attendre à un thème aussi loufoque ? Oui, inévitablement. Si la présence d’une piste comme celle-ci dans Lost Odyssey peut vraiment surprendre, la pittoresque Kelolon Forest se retrouve finalement bien intégrée dans le jeu. Un synthétiseur introduira le morceau, s’en suivra rapidement une mélodie à la fois rigolote et enfantine. À la trente-septième seconde, des faibles percussions viendront agrémenter le morceau pour finalement se taire quelques secondes et revenir plus lourdes et plus fortes. À 1:26, un autre synthétiseur et d’étranges bruitages viendront seconder la mélodie principale tout en veillant à ne pas trahir le côté farfelu et léger de la piste. Il en résulte un morceau pour le moins sympathique, très simple et bien adapté au jeu mais sur lequel on ne risque pas de revenir souvent.



24 – A Migthy Ennemy Appears !



On change radicalement de registre avec cette piste qui n’est autre qu’un thème de combat ! Et quel thème de combat, mes amis ! Des cuivres fanfaronnant introduisent le morceau avant d’être rapidement rejoins par des tambours militaires et violons enjoués. La mélodie superbe et très entrainante intervient à la trente-cinquième seconde, jouée par des violons puis une flûte. Des cuivres viendront soutenir l’entrain de la mélodie jusqu’à 1:15 où celle-ci revient secondée de timbales rapides ainsi que de cuivres saccadés et nerveux. Jusque là, difficile de ne pas remarquer l’enthousiasme presque burlesque du morceau ! Mais à 1:44, la piste va s’assombrir, les cuivres se tairont quelques instants pour céder leur place à des froides percussions et de violons saccadés plus menaçants pendant que les timbales, elles, continueront à alimenter la vivacité de la piste. Les cuivres reviendront de manière plus ponctuelle mais toujours bien choisie puisque vers 2:16, ils ramèneront à la piste la fougue de ses débuts lors d’un passage génialement triomphal qui viendra clôturer la boucle brillamment, comme si la victoire des héros après de dures épreuves était inévitable. Que dire devant tant d’excellence ? La composition est maîtrisée de bout en bout, les changements sont amenés avec subtilité et le résultat, que cela soit ingame ou à sa simple écoute, est tout simplement parfait ! De l’excellence Uematsuienne dont on s’abreuve jusqu’à l’ivresse. Hips !



25 – Parting Forever



Il y a des tas de raisons pour lesquelles j’adore Uematsu (dont sa moustache, j’avoue). Parmi ces innombrables raisons, il y en a une qui fait que j’admire cet homme tout particulièrement : son incroyable capacité à savoir émouvoir. Beaucoup de compositeurs du monde du jeu vidéo sont doués de cette faculté (je vous épargnerais ma liste personnelle) mais je dois dire qu’aucun à l’heure actuelle n’est arrivé à m’émouvoir autant de fois et avec autant d’émotions que Nobuo. L’une des raisons qui me faisaient trépigner d’impatience pour cette bande originale étaient ce genre de pistes. Parting Forever va avoir, entre autre, la lourde tâche de combler cette pénible attente et je dois dire qu’elle s’en sort plutôt bien ! Sa mélodie de piano aux notes espacées fige dès les premières secondes une atmosphère de silence et de beauté douloureuse. Rien de réellement complexe et pourtant, la magie opère : De ces quelques notes, Uematsu arrive à faire surgir les plus profondes émotions enfouies en chacun de nous. Le piano s’envole à la quarante-troisième seconde pour revenir accompagné… d’une voix féminine. La chanteuse entonne alors le Main Theme du jeu pour notre plus grand bonheur. La douceur apparente du morceau contraste alors avec la force incroyable qui s’en dégage, le piano semble nous caresser et la sublime voix de la choriste vient apporter un véritable sentiment de réconfort à ce magnifique morceau. Sachez que cette musique accompagnera très (trop ?) souvent les récits des Mille Ans de Rêves de Kaim mais aussi l’une des plus belles scènes de Lost Odyssey. Cette même scène est également l’une des plus émouvantes qu’il m’ait été donné de voir dans un jeu vidéo, il m’a été tout simplement impossible de retenir mes larmes au cours de celle-ci. Par peur de trop en révéler, je n’en dirais pas plus sur cette piste que le titre n’en dit déjà. Transpirante d’humanité et d’humilité, cette superbe composition restera parmi l’une des plus mémorables de cette OST et rien que pour ça, Mr. Uematsu mérite bien qu’on lui tire un grand coup de chapeau.



26 – A Return, Indeed…



Ne pouvant couper court tout de suite à l’émotion du morceau précédent, Uematsu décide de la prolonger avec un autre morceau tout au piano pour notre plus grand plaisir. Pour ce faire, le moustachu a composé une mélodie simple mais vraiment belle dont le piano se parera avec une élégance redoutable. La piste commence avec des notes amères et tristes jusqu’à la vingt-neuvième seconde où la mélodie principale fera son entrée. Délicate mais prononcée, celle-ci gagnera en émotion à 1:22 en grimpant de quelques octaves. Un peu plus légère, elle ne délaissera pas pour autant le sentiment de tristesse croissante qui s’empare petit-à-petit de son auditeur puisqu’à 2:13, elle reviendra encore plus forte, notamment grâce à l’excellent jeu de la main gauche. Et si vous pensiez qu’Uematsu avait atteint le sommet de l’émotion sur cette piste, la dernière minute vous sera certainement fatale. En effet, à 2:42, le piano semble pleurer comme jamais et l’excellente interprétation de son instrumentiste sublimera la mélodie d’Uematsu, plus magnifique qu’auparavant. Après cela, la piste s’adoucira avant de se conclure brillamment, comme si derrière le chagrin se cachait l’acceptation d’un sentiment douloureux. Une nouvelle fois, Nobuo fait des merveilles au piano et, même si la mélodie n’atteint pas les sommets Uematsuien d’antan, la délicatesse du morceau se transformant peu à peu et puissante tristesse font de cette piste une des plus délectables de cette bande originale. Applaudissons également la grande réussite de l’arrangement sans qui l’émotion de la piste ne serait pas aussi poignante.



27 – Flashback



On change ici de registre puisqu’après l’émotion des deux pistes précédentes, place à l’inquiétude. Très simple en tous points de vue, que ça soit au niveau de la mélodie ou de l’arrangement, Flashback remplit néanmoins son rôle puisque des quelques notes qui construisent la mélodie s’échappe un sentiment de menace et d’incertitude. Les instruments et divers bruitages, brillamment choisis, renforceront ce climat de peur qui règne sur ce morceau. Cela dit, la trop grande simplicité de la piste ne la rend clairement pas incontournable. Le résultat, un peu expéditif, se révèle juste correct. Suivant !



28 – Invasion



Voici ce qui constitue pour moi une des plus belles et des plus émouvantes pistes de cette OST. Je suis littéralement tombé sous le charme de Invasion qui cache bien son jeu puisque sous son aspect enfantin se cache une superbe mélodie à l’incroyable puissance émotionnelle. Un pizzicato fait démarrer le morceau dans une atmosphère intrigante et intimiste. À la onzième seconde, des violons tremblants viendront renforcer l’ambiance mystérieuse de la piste avant de se taire quelques secondes plus tard pour laisser les pizzicatos et une douce percussion continuer leur petit bonhomme de chemin. Les violons reviendront faiblement à la vingt-huitième seconde puis viendra le tour d’un hautbois quelques secondes plus tard. Ça y est, l’atmosphère intrigante et magique est désormais bien ancrée. Pourtant, sa légèreté semble cacher quelque chose, une mélancolie subsiste. À la cinquante-sixième seconde, les pizzicatos prendront une tournure plus triste, un sentiment d’innocence mêlé à la douloureuse complainte du hautbois devient de plus en plus envahissant. Le morceau semble se fragiliser petit-à-petit jusqu’au moment fatidique où celui-ci vole en éclat à 1:28. La composition prend alors une tournure absolument magnifique et superbement émouvante. Le sentiment d’innocence, portée plus que jamais par les pizzicatos, se fait encore plus insistant alors que, portées par une bourrasque de chagrin, les cordes et une flûte s’envolent en interprétant une mélodie incroyablement belle portant en elle une délicieuse mélancolie. Il n’y a plus qu’à se taire et savourer l’extraordinaire beauté de ce court passage qui s’adoucira quelques secondes plus tard pour retrouver la légèreté qui était sienne au début du morceau. Vous l’aurez sans doute compris, cette piste est l’un de mes plus gros coups de cœur de cette bande originale, à juste titre. Ah, Nobuo ! Ce que je t’aime quand tu me tues et m’émeus de la sorte.



29 – A Sign of Hope



Décidémment, le moustachu sait jongler avec les divers sentiments humains puisqu’après la tristesse de Invasion vient s’installer un signe d’espoir. Un délicat piano installe calmement la piste à l’aide d’une très jolie mélodie. Des violons très doux accompagneront le piano avant le reléguer au second plan pour le remplacer dans l’interprétation de la mélodie. Sereine et rassurante, cette dernière gagnera en puissance avec l’arrivée du hautbois dont les violons suivront l’exemple en s’intensifiant légèrement eux aussi, à la cinquante-sixième seconde. Le piano reprendra avec douceur sa place originale à 1:12 avant d’être rapidement rejoint par tous les instruments précédemment cités, ainsi qu’une harpe. Mais c’est à 1:48 que le morceau prendra vraiment de l’ampleur puisque des flûtes et un glockenspiel prendront à cette impression grandissante d’espoir et de joie se dégageant de la mélodie. Dès lors, le morceau devient alors très beau et l’élégante sobriété dans laquelle celui-ci baigne est un vrai délice, la composition s’achèvera d’ailleurs quelques secondes plus tard sur ces notes raffinées. Encore une fois, Uematsu nous offre une prestation très réussie !



30 – Theme of Pirates



Oubliez les envolées à l’orchestre, place aux synthétiseurs et aux rythmes aux accents pop. Oui, le changement est brutal. Il l’est d’autant plus qu’après de savoureuses pistes comme Invasion ou A Sign of Hope, Uematsu nous livre ici un morceau plutôt moyen. Si la mélodie s’avère juste correcte, l’arrangement, lui, est répétitif et pénible. Heureusement que la deuxième partie du morceau sauve un peu le tout du naufrage (notez le jeu de mots) en reprenant le très joli thème de Seth. Cela ne suffira cependant pas à me faire apprécier ce thème plutôt inintéressant d’un goût aussi douteux que ses prestations ingame.



31 – Yosolo



On reste dans le même style que le précédent morceau avec cette piste nettement plus enthousiasmante. La suite d’arpèges au synthétiseur est tout ce qu’il y a de plus Uematsuien et l’ambiance fait, dès les premières secondes, déjà largement échos aux nombreux thèmes d’Airship de la série Final Fantasy. Une mélodie sympathique, joué par un lead, intervient tranquillement à la trentième seconde accompagné des guitares électriques légère et d’un jeu de batterie calme mais assez entraînant. Au bout d’une minute, la descente d’arpèges revient pour accompagner la mélodie, rendant alors le morceau plus riche et plus jovial. Mais soudainement, voilà que le morceau juste sympathique devient un véritable enchantement ! En effet, Uematsu nous a réservé une belle surprise à 1:29 puisqu’à une nouvelle mélodie fait son entrée et celle-ci s’avère être vraiment belle et gorgée d’émotions ! La composition, plus rayonnante que jamais, nous enveloppe alors de sa chaleur pendant que batterie se fait de plus en plus entraînante. L’ensemble coloré du morceau devient alors véritablement savoureux, d’autant plus que ce fourbe de Nobuo a su tiré sur la corde nostalgique pour nous le faire apprécier ! Quel plaisir de voir le monsieur toujours aussi à l’aise sur ce genre de pistes !



32 – Tosca Village



Tosca Village nous plonge dès le départ dans une ambiance feutrée et silencieuse. Cette musique se fera entendre durant des récits des Milles Ans de Rêves de Kaim, principalement quand ce dernier écumera les bars. Je trouve que cette musique correspond à merveille aux discussions échangées à un comptoir, aux épais nuages de fumée de cigarettes et aux verres partagés dans un tripot confiné. Le côté intimiste et chaleureux du piano électrique fait alors de ce genre de lieu un endroit agréable et accueillant pour Kaim, et donc pour l’auditeur. Certes, la composition n’est pas exceptionnelle et la mélodie, bien que réussie, n’a rien d’extraordinaire mais il n’empêche qu’Uematsu a su offrir à cette piste une atmosphère tout à fait singulière et particulièrement bien imagée. Il s’en dégage un charme et une douceur réellement appréciable qu’on apprend à savourer au fil des écoutes. Un très chouette morceau ! Une petite question demeure cependant : Pourquoi avoir nommé cette piste « Tosca Village » alors qu’elle ne se fait entendre que lors des Milles Ans de Rêves et que la seule ambiance sonore du Village de Tosca sera le bruissement de l’eau et le gazouillement des oiseaux ? Mystère...



33 – House of the Witch



Voilà un morceau tout à fait surprenant de la part d’Uematsu ! Une dégringolade de notes aux accords effrayants introduit le morceau et nous plonge alors dans une ambiance aussi intrigante que malsaine. House of the Witch démarre réellement à la 57ème seconde avec une mélodie peu inspirée et des accords très simples. Néanmoins, l'utilisation déstructurée et peu habituelle du piano (le seul instrument de la piste) entretien plutôt bien l'atmosphère inquiétante de départ. Le morceau poursuit tranquillement son petit bout de chemin jusqu'à 1:57 où la cadence du morceau se brisera peu-à-peu jusqu'à 2:09 où le jeu de piano deviendra plus nerveux et plus stressant qu'auparavant. Le résultat est en demi-teinte : Si Uematsu a su nous surprendre par une utilisation plutôt intéressante et peu conventionnelle du piano ainsi qu'une atmosphère effrayante plutôt réussie, la simplicité du morceau et sa mélodie peu convaincante tire le résultat vers le bas. Dommage, il n'en aurait pas tellement fallu plus pour transformer l'essai...




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