C’est à l’occasion d’une nouvelle Iwata Asks que nous avons eu le plaisir d’apprendre la bonne nouvelle du jour : Kimihiko Fujisaka, premier character designer de Cry oN et de la série de Drakengard, est bien le créateur des personnages de
The Last Story. Même si cette information avait tout d’un secret de Polichinelle, on se réjouira tout de même de son officialisation ! Non content de mettre son coup de crayon au service de Mistwalker, le monsieur endosse également le rôle de « concept artist », un terme un peu vague qui laisse cependant deviner que Fujisaka s’est chargé d’entretenir une certaine cohérence artistique durant le développement du jeu.
Hironobu Sakaguchi était également présent à cet entretien, l’occasion était donc rêvée pour les deux membres de Mistwalker de nous en apprendre plus sur la naissance du projet.
Après avoir admit que le silence fut long depuis sa dernière rencontre avec Sakaguchi (principalement en raison de la conférence Nintendo du 29 septembre dernier), Satoru Iwata invite donc ses deux hôtes à parler de leur approche concernant
The Last Story. Sakaguchi commence donc par aborder la grande importance qu’ont pour lui les personnages et l’aspect visuel d’un jeu. Dès le départ, Fujisaka a été impliqué dans le développement, l’univers du jeu résulte directement des artworks de ce dernier selon Sakaguchi. Après avoir précisé que de nombreux fans de Fujisaka composaient les rangs de Nintendo, Iwata s’adresse au dessinateur en lui demandant quelles étaient les directives de Sakaguchi pour
The Last Story. Fujisaka explique alors que seule une courte intrigue donnée par Sakaguchi a constitué une ligne directrice dans son processus de création. Pour le reste, le character designer avait carte blanche.
Sakaguchi avoue peu après être lui-même un grand admirateur du style de Fujisaka, notamment en ce qui concerne les personnages féminins. Il plaisante même en disant que si Kanan existait vraiment, il serait prêt à tout quitter pour elle ! Iwata renchérit en avouant que de nombreux employés de Nintendo sont également tombés amoureux de ce personnage. L’ambiance redevient un peu plus sérieuse lorsque les deux membres de Mistwalker avouent avoir énormément travailler ensemble durant la genèse de
The Last Story. Lorsqu’Iwata demande au président de Mistwalker ce qu'il pensait du travail que lui présentait Fujisaka, Sakaguchi lui répond qu’il l'appréciait tellement qu’il allait jusqu’à réadapter le caractère de ses personnages aux traits que Fujisaka leur avait donné. Cette réponse n’a d’ailleurs pas manqué de surprendre Iwata car pour lui, Sakaguchi avait toujours une idée très précise de ce qu’il voulait pour ses jeux.
Plus loin dans l’entretien, nous apprenons une anecdote intéressante sur le moment qui a donné naissance à
The Last Story. En effet, les premiers mots concernant ce jeu furent échangés entre Sakaguchi, Fujisaka et l’un des programmeurs du jeu (dont le nom n’est pas précisé) au cours d’un repas. Les trois compères y évoquaient notamment les spécificités propres aux RPG Occidentaux et aux RPG Japonais. C’est de cette conversation qu’est né ce qui deviendra plus tard le prochain projet de
Mistwalker. Suite à cela, Sakaguchi précise qu’un nombre considérable de tests ont été réalisés avant que Mistwalker et Nintendo n'arrivent à un prototype satisfaisant. Cette partie du développement s'est étalée sur une période d'un an et demi et une fois de plus, Sakaguchi compare sa nouvelle progéniture à Final Fantasy VII. En effet, le développement du premier Final Fantasy de la Playstation fut abordé de la même manière et occupa l'équipe du jeu durant une année entière.
Pendant ces phases de tests, les personnages du jeu, qui n'étaient pas encore modélisés, étaient représentés sous forme de blocs. Un donjon de test fut également créé à cette même période du développement et fut le théâtre de nombreuses essais de gameplay. Cette focalisation sur le gameplay coïncide avec ce que nous disait Sakaguchi lors de
sa précédente rencontre avec Iwata puisque selon lui, « l'émotion du jeu naîtra durant les batailles ». En effet, une fois les différents systèmes de jeu établis, Sakaguchi s'est concentré sur la manière de mettre en scène les combats et sur comment renforcer l'attachement que le joueur ressent pour ses acolytes. Selon lui, une scène cinématique montrant un héros défendre un camarade réduirait le joueur au rang de simple spectateur, là où le rendre actif pendant ce genre d'évènement ferait grandement s'accroître son affection pour ses alliés. Iwata abonde dans le sens de Sakaguchi en expliquant que la première fois qu'il a vu le jeu illustrer ces propos, il eut « l'impression de voir un jeu comme il n'en avait jamais vu auparavant ». Toujours dans le but de laisser le joueur libre dans sa manière d'explorer le jeu, ce dernier pourra utiliser la caméra à sa guise et ce même durant les scènes importantes, l'idée étant qu'il ne soit pas contraint de subir l'histoire si tel est son souhait. De la même manière, plutôt que de sauter simplement les scènes, les sous-titres de celles-ci apparaitront à l'écran pendant que le joueur continuera à se balader librement, une manière de faire en sorte que le joueur vive le jeu au rythme qu'il l'entend. Ce système, « probablement imparfait » selon son créateur, reste cher à ses yeux puisqu'il explique combien l'innovation est une démarche importante dans le divertissement.
Le sujet de la ville de Luly n'a pas été abordé depuis longtemps. Sakaguchi décide d'y revenir à cette occasion pour expliquer la manière dont elle a été conçue. Étant l'unique ville du jeu, le moustachu avait à cœur de proposer un lieu auquel les joueurs seraient attachés. Iwata décrit lui-même la ville comme étonnamment vivante et détaillée avant de laisser son invité reprendre la parole. Sakaguchi se plaît une fois de plus à prendre un exemple de la vie quotidienne dans les rues de Luly : S'il arrive à Elza de bousculer un passant, ce dernier peut s'emporter et commencer à se montrer agressif. Seulement, le voyant devenir plus fort plus tard dans l'aventure, celui-ci peut finir par se raviser et s'excuser de l'avoir offensé par le passé. Une fois de plus, cette valorisation du joueur trahit les influences occidentales du jeu, dont le mélange avec le RPG Japonais peut se conclure par un résultat très intéressant. La taille de la ville est une nouvelle fois abordée puisque Sakaguchi avoue s'y perdre par moment avant d'évoquer les nombreux évènements qui parsèment les rues de la cité. Fujisaka prend alors le pas en listant plusieurs exemples d'animations qu'il sera possible de voir dans Luly : certains habitants exécuteront plusieurs pas de danse ensembles, d'autres pourront jouer de l'accordéon, s'assoir près d'une fontaine etc. En bref, la ville fourmillera d'activités diverses et variées, tout ça dans le but de servir l'immersion du joueur.
Espérons que de prochaines rencontres avec Satoru Iwata aient lieu et nous permettent d'en apprendre plus sur
The Last Story ainsi que sur le staff qui en est à l'origine. Le jeu est prévu pour le 27 janvier 2011 au Japon, le reste du globe devra s'armer de patience pour savoir quel avenir Nintendo réserve au prochain jeu de Mistwalker en dehors du Pays du Soleil Levant.
